Acosta Danza : Chaillot au rythme de Cuba

100% Cuban

La compagnie Acosta Danza revient à Paris avec son spectacle 100% Cuban, qui a pour ambition de faire rayonner Cuba à travers ses danseurs et chorégraphes. Pari réussi avec cet ensemble de cinq chorégraphies qui nous emmènent au cœur de l’île.

Une soirée très rythmée qui monte progressivement en intensité jusqu’à un final joyeux et énergique, qui embarque un public largement conquis.

Imprompta, Photo Johan Persson

La première partie, assez sombre, donne la parole à deux chorégraphes natifs de l’île pour revenir, en filigrane, sur les plus douloureux épisodes de l’histoire cubaine.

Liberto est un pas de deux inégal mais associant des images fortes illustrant la fuite d’un esclave. Le duo formé par Zeleidy Crespo et Mario Sergio Elias intrigue mais fonctionne particulièrement bien et les deux danseurs s’investissent corps et âme dans cette chorégraphie de Raul Reinoso qui à défaut d’être convainquante a au moins le mérite d’être très expressive. Un début de soirée aux notes douloureuses.

Hybrid, de Norge Cedeno et Thais Suarez, utilise cette fois le groupe et s’affranchit de la narration tout en débutant dans un registre grave, avant que le mouvement n’entraine les danseurs vers une évocation de la liberté magnifiée par un surprenant saut final. La chorégraphie un peu trop simple pourrait être plus travaillée mais fonctionne dans sa globalité, et l’énergie communicative des interprètes donne envie d’aller danser avec le groupe.

Paysage, Soudain, la nuit, Photo Kike

Pour la deuxième partie, place à plus d’optimisme. Paysage, Soudain, la nuit, est une très jolie chorégraphie du suédois Pontus Lidberg, sur la musique doucement entrainante du cubain Leo Brouwer. Les mouvements sont simples sans pour autant tomber dans la facilité, et il se dégage de ces enchainements passant du fluide au saccadé une impression de joie paisible. Rien de grandiloquent, mais la chorégraphie qui au premier abord semble sans relief se révèle vite hypnotisante. Le tableau dressé, devant un parterre de graminées, est celui de jours heureux et plonge le spectateur dans une ambiance de soirée d’été.

Le solo qui suit, Imprompta, est créé sur mesure par Maria Rovira pour la remarquable danseuse Zeleidy Crespo. Une personnalité charismatique qui porte ces sept minutes par sa présence, et parvient à sauver une chorégraphie par ailleurs un peu fade.

De Punta a Cabo, Photo Yuris Nourido

Pour finir, la compagnie reprend sa pièce emblématique De Punta a Cabo, créée par Alexis Fernandez en 2016 mais présentée pour la première fois en France. Devant une grande vidéo de la jetée de la Havane, les danseurs laissent exploser toute leur énergie – et ils en ont à revendre – dans ce joyeux mélange des styles souhaitant illustrer la société cubaine. Aussi à l’aise dans une série de fouettés sur pointes qu’à esquisser quelques pas de salsa en baskets, ils montrent toute leur polyvalence dans cette composition énergique et éclectique aux allures de battle de rue qui leur va comme un gant. Jusqu’aux saluts pendant lesquels ils jouent avec la salle avec un enthousiasme particulièrement contagieux, ils prouvent qu’ils ont bel et bien le rythme dans la peau. Le public conquis sortira de la représentation avec l’impression d’avoir passé une soirée à Cuba.